Les Écritures Bougées, le festival #1 (1)

19.5.2017
Librairie Volume, Paris
Bouge / bouge pas ?
Les écritures bougées est un micro Festival de Performances focalisé sur les rapports entre corps et texte dans la performance qui se déroulera sur trois dates au printemps 2017.
Comment bouge t-on un texte ? Pourquoi parle t-on en bougeant ? Pourquoi parle t-on immobile ? De quel type d’immobilité s’agit-il ? De quel type de mouvement ? De quel type de mots en fonction de quel mouvement ?
Ce festival présente le travail de différents écrivains, performeurs, artistes ou chorégraphes qui questionnent au sein de leur travail les rapports entre corps et écriture, corps et textualité.
Depuis les années 2000, on remarque aussi bien dans des spectacles de danse contemporaine que de théâtre contemporain ou encore et avant tout dans les nouvelles formes de performances (lecture-performance, conférence-performances, performance-actions…), que lorsqu'il parle, l'acteur, le danseur ou le performeur "bouge le texte" d'une tout autre manière que les acteurs peuvent le faire dans les formes de théâtre plus conventionnelle. C’est peut-être l’influence de l’art contemporain au travers de la performance, mais sans doute aussi l’influence des mouvements comme le futurisme et le dadaïsme, ou encore Fluxus, qui ont décloisonné les arts et ont conduit à inventer un nouveau corps pour dire/crier/chanter/parler le texte. Le changement de rapports texte/corps crée d'autres relations entre parole et mouvement : relations de symétrie, de superposition, de calque, d’opposition, de contraste, de rythme, de tonalité… Il n’y a plus d’illustration de l’un par rapport à l’autre (mouvements qui illustrent le texte) mais une autonomie de chaque médium ou un renversement des rapports hiérarchiques habituels (le texte décrit le mouvement). Le mouvement dans certains cas, relève parfois plus de l'action que du mouvement chorégraphique, parfois encore il est libre (non-écrit), indescriptible, rythmique, musical ou c’est d’autre fois la parole qui est action, rythme, musique… On peut citer quelques chorégraphes, écrivains ou metteurs en scène qui cherchent à repenser ces rapports entre corps et texte au travers de certaines de leur création comme Noé Soulier dans Mouvement sur mouvement ou encore Fanny de Chaillé avec Le Groupe, Jonathan Capdeville avec Saga, le travail de Grand Magasin et d’Yves-Noël Genod (sur des modes très différents), Joris Lacoste dans son travail sur l’Encyclopédie de la parole, Tiago Rodriguez lorsqu’il travaille avec deux chorégraphes dans Antoine et Céopâtre, Daniel Jeanneteau dans Mon corps parle tout seul, les performances de Sabine Macher, Frédéric Danos, Céline Ahond, Barbara Manzetti, Fabrice Reymond...
Dans toutes ces pièces ou chez tous ces artistes on reconnait une tentative de dissociation ou d’association repensée, entre corps et texte ouvrant sur de nouvelles problématiques, de nouvelles possibilités d’articuler, de repenser leur rapport. Dans ces pièces, la voix et le mouvement signifient conjointement ou parallèlement, (l’un parfois devenant l’outil de l’autre) et proposent deux types d’imaginaires et d’images, tissant différents réseaux de sens qui se recoupent ou s’excluent. Dans le cadre des Ecritures bougées, il s’agira d’explorer au travers de différentes performances d’artistes ces divers modes de mise en relation texte et corps.
En partant de ces réflexions le micro festival Ecritures bougées, invite sur trois dates des artistes, chorégraphes, écrivains et performeurs à présenter des micro-formes, c’est-à-dire des performances de maximum 15 minutes, comme une forme condensée de leur travail ou une proposition courte, une idée, un état de leur réflexion sur les rapports entre texte/corps dans une performance.




Eoliennes oubliées et poésie

Les écrivains sont des éoliennes qui moulinent silencieusement la nuit.

En partant du Moulin de Don Joël Hubaut de la Mancha, (installation galerie Lara Vincy, 1985) de Joël Hubaut qui mouline la parole,
et de l’événement Hiatus-Bobosse-Club organisé en janvier 2003 par Joël Hubaut pour fêter l’anniversaire de l’art de Robert Filliou,
En repensant à mes propres retrouvailles avec les éoliennes, surgissant en plein milieu de la Beauce durant une nuit d’août 2016,
En évoquant l’expérience Polyphonix créé en 1979 par François Dufrêne, Christian Descamps et Jean-Jacques Lebel qui mêlait poésie sonore, performance, vidéo et musique,
J’ai voulu mettre en place un cycle de rencontres avec des écrivains, des artistes écrivant et différents publics pour interroger la plasticité de l’écriture.
« Tu es un moulin à parole. » Peut-on dire cela d’un écrivain ? Oui, quand on sort le moulin intérieur de l’écrivain, c’est-à-dire lorsque le texte est dit, énoncé à haute voix par lui-même.
Est-ce que ça tourne en rond ? Non.
Les moulins, les éoliennes c’est le brassage des vents. Des pales qui emportent tout dans leur rotation, moustiques, idées, pluie, souffles, gaz, micro-particules, sons, larmes, vibrations…
Ça mêle une infinité de voix en un souffle. L’écrivain est un brasseur.
Faire émerger cette possibilité d’entendre la voix de l’écrivain, de l’artiste, hors du contexte d’une lecture à l’occasion de la sortie d’un livre, de la faire surgir au milieu d’autres écrivains, d’autres personnes, c’est ce que j’envisage de mettre en place grâce à ces rencontres.
Les possibilités vivantes plastiques de l’écriture sont infinies, j’en suis convaincue.
Le hiatus dans le mot éolienne, cette rencontre entre deux voyelles, entre deux sons, crée en quelque sorte, un appel d’air et en même temps une distance marquant une différence radicale.
Ces soirées se veulent emplies de hiatus, de sons, de rire et de tumulte.
Un moulin en kit où l’on voit défiler des pales de 23 à 45 mètres de long, voire 60 mètres et plus et des bruits de mots, des voyelles et des consonnes pour remplir l’air de sons en mouvement.
Le lieu, la voix et la vision seront convoqués dedans et dehors.
Tous les lieux oubliés ou en mémoire, réels ou translucides, les maisons, les champs, les caveaux, les châteaux, les yourts, les précipices, les grottes, les déserts, les auberges, les souterrains, les observatoires…
La voix du lieu, comme le chant des éoliennes, qui vibre jusqu’à nous, viendra peut-être jusqu’à la librairie nous troubler…

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JE SUIS CHEZ MOI

Daniel Foucard

Le luxe est parti en vrille, version chantée

Valentina Traïanova

Fake news (fragments)

Antoine Dufeu

Vaut mieux éviter un nom ou écrire

Yaïr Barelli

Avant, après, je me suis perdu entre

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La bouche D'égout

Anna Byskov
Biographies des artistes

Daniel Foucard

Écrivain né à Paris. A publié dans de nombreuses revues après avoir commencé en 1998 dans L’Imbriaque, Nioques et Perpendiculaire, cette dernière ayant publié un tiers de son premier livre : Peuplements, paru deux ans plus tard aux éditions Al Dante. Dix livres ont suivi chez Sens & Tonka, Léo Scheer/Laureli, éd. Mix., Dis voir et Inculte. A en outre produit des antilectures, ou refus de lecture, dans divers lieux, où le public a pu voir successivement l’auteur dormir ou attendre devant une vidéo sans entendre lire le moindre extrait des livres publiés. Dernière publication, Seule, éd. Inculte, 2018.

Valentina Traïanova

Valentina Traïanova est artiste, performeuse et chanteuse. Née à Sofia (Bulgarie), elle vit à Paris. Elle est arrivée en France en 1996, à Nice, où elle se fit passer pour une championne de planche à voile avant d’y poursuivre ses études à la Villa Arson. Son travail a notamment été présenté à La Maison rouge - Fondation Antoine de Galbert, au Palais de Tokyo, au Cneai, aux Laboratoires d’Aubervilliers, à Bétonsalon, au Centre Pompidou-Metz, au Mac/Val, au MUDAM (Luxembourg), au MNAC (Bucarest, Roumanie), à la Schauspiel de Cologne (Allemagne), au S.M.A.K. (Gand, Belgique), à l’UBA et à The Fridge (Sofia, Bulgarie). L’une de ses récentes performances, Arrivederci (2018), a été notamment présentée à la Zoo galerie, la Monnaie de Paris et la Sofia City Art Gallery (Sofia, Bulgarie) dans le cadre d’une exposition personnelle intitulée UOOOOooooOO.
Lien vers Soundcloud: https://soundcloud.com/valentinatraianova

Antoine Dufeu

Antoine Dufeu est poète, écrivain, traducteur et éditeur. Il a fondé Lic (recherche, édition) en 2012. Il a été le co-fondateur et le directeur du programme Valuations (ENSA Nancy, Cneai, Emily Harvey Foundation). Il dirige avec Frank Smith la revue de poésie RIP. Il est membre du comité rédactionnel de la revue Multitudes. Il est directeur du pôle écriture et des éditions de Strate École de Design. Il est notamment l’auteur de inch’menschen (Mix., 2004), Nous (Mix., 2006), Amour singulier (Dernier Télégramme, 2010), Abonder (Nous, 2010), AGO (Le Quartanier, 2012), L’Onénu non (ENd éditions, 2013), Blancs (Cneai, 2014), Sic (al Dante & Le Triangle, 2015). Il a notamment co-traduit Spartakus, symbolique de la révolte (La Tempête, 2016). Dernier livre paru: Chroniques bretton-woodsiennes (Mix., 2016). À paraître: Sofia-Abeba suivi de MZR (MF, 2020).
www.antoinedufeu.fr

Yaïr Barelli

Yaïr Barelli est né à Jérusalem en 1981, il vit et travaille à Paris. Formé au CDC de Toulouse puis dans le cadre du programme Essais du CNDC d’Angers sous la direction d’Emmanuelle Huynh, il développe une pratique chorégraphique transversale qui interroge la matérialité du théâtre. Son travail se construit en situation, dans la rencontre avec le public, créant de fait une expérience singulière à chaque occurrence. Ses travaux ont notamment été présentés à Actoral (Marseille), au Musée de la danse (Rennes), Next (Valenciennes), MC2 Grenoble, Artdanthé (Vanves), La Galerie (Noisy-le-sec), FIAC (Paris), Power Station of Art Shanghai, Bétonsalon et à la Villa Vassilieff à Paris. En 2019, il a présenté sa nouvelle pièce Dolgberg dans le cadre des Festivals Faits d’hiver et Ardanthé, ainsi qu’un nouveau projet pour le musée Picasso à Paris.

Olivier Nourisson

Anna Byskov