Thomas Schmahl
La pratique de Thomas Schmahl se construit par assemblage, hybridation, elle est inhérente au montage d’éléments minutieusement choisis. Chacune de ses propositions (vidéos, photos, performance, son, installation) découlent de matériaux poétiques : l’interprétation d’un corbeau, la suggestion d’un fait divers, une discussion hors cadre spatio-temporel, des montagnes amoureuses ou encore des événements météorologiques. Il pioche aussi bien dans son répertoire musical (White Stripes), théâtral (certains pièces ne peuvent que rappeler la scène d’entrée dans les toilettes de Go Down Moses de Roméo Castelucci), que dans le cinéma qui le fascine, mais bien plus dans une démarche de ré-appropritation de ses outils, de ses contraintes, d’une construction artificielle du temps que pour ses scénarios trop construits, ses scènes préparées des mois à l’avance, sa rigidité. Car c’est bien au moment du montage que la narration naît, que des liens se tissent entre les protagonistes qui peuvent être aussi bien des acteurs que des lieux, des constructions que des objets. Tout commence à plat, que ce soient des séquences filmées, des dialogues ou des sculptures. Thomas Schmahl découpe dans le bois comme dans la matière vidéo pour créer du relief, des espaces. Un damier peint sur une surface plane devient le sol d’une brasserie ou un échiquier dont l’artiste aurait fixé les règles. C’est un jeu constant de montage, où les volumes se forment comme on monte un stand de marché ou un décor de théâtre pour une durée bien déterminée. Loin d’imiter le réel, ces constructions se basent sur l’abstraction possible opérée par le théâtre. Ils agissent comme des espaces autonomes et indépendants. Un médium en active un autre, et toutes ses productions se développent autour de cette problématique.
Thomas Schmahl est né en 1994 à Annecy. En 2019, il obtient le prix de la jeune création à la biennale de la jeune création contemporaine Mulhouse 2019 avec son installation/performance « La coupe du rien ». Il expose actuellement le film « Les montagnes amoureuses » au Frac Champagne-Ardennes, ainsi qu’une installation intitulée « L’aire Mirabelle » pour sa première exposition personnelle au Frac Lorraine. Il sort son premier Vinyle à l’occasion de cette exposition. A l’automne 2020, il sera en résidence de recherche et création au Domaine de Kerguéhennec.