«— Qu’est-ce que je veux dire ? Euh. Qu’est-ce que je peux dire ? J’sais pas quoi dire.»

9.11.2017
December 8, 2017
Librairie À Balzac À Rodin, Paris
Exposition | Commissariat : Aziyadé Baudouin-Talec & Caroline Kervern
 Cette première exposition des Ecritures bougées, Centre de Littérature Contemporaine, souhaite rassembler une vingtaine d’oeuvres historiques et contemporaines autour de l’écriture sous diverses formes : sonore, manuscrite, typographique, vidéo, sculpturale, photographique.
Cette exposition mêlera différentes pratiques qui font surgir l’écriture dans le réel au travers du prisme de l’expression (écrite, orale…) comme affirmation (Qu’est-ce que je veux dire ?), comme possibilité/impossibilité (Qu’est-ce que je peux dire ?) ou comme doute (Euh.).
Le titre de l’exposition est une citation déformée de la réplique de l’actrice Anna Karina dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard « Qu’est-ce que je peux faire, j’sais pas quoi faire… » qu’elle répète de manière lancinante dans une scène au bord de la mer tandis que Jean-Paul Belmondo écrit un texte sur un rocher. Ici la question du « dire » remplace celle du « faire ». L’écrivain autant que l’artiste se trouve en permanence face à la question des possibilités du dire articulées à sa volonté ou son désir. La multiciplicé des contextes ou des protocoles peut parfois être un obstacle au « dire » ou à l’écriture comme dans la vidéo La pluie (projet pour un texte) (1969) de Marcel Broodthaers où l’on peut voir l’artiste commencer à écrire sur une feuille blanche. A mesure qu’il écrit la pluie vient effacer son texte. On peut aussi à la vidéo Open book (1974) de Vito Acconci où apparait en gros plan la bouche de l’artiste qui parle en maintenant sa bouche ouverte ou encore le film Mon amour (2014) de David Lamelas où défile un texte de théâtre flou tandis que le nom des personnages, ELLE et LUI, est net. Ainsi dans ces oeuvres le texte est rendu illisible ou la parole inaudible. La contrainte appliquée à l’artiste ou au spectateur est l’objet du dire autant que l’écriture elle-même ou la volonté du « dire ». Par ailleurs d’autres artistes affirment clairement ce qu’ils ont à dire en l’écrivant sur les murs comme Lawrence Wiener ou John Giorno ou encore Barbara Kruger ou Benjamin Vauthier. Les artistes invités auront l’espace de la libraire À Balzac À Rodin pour présenter une oeuvre déjà existante ou une oeuvre créée pour l’occasion de cette exposition en regard de cette proposition : « — Qu’est-ce que je veux dire ? Euh. Qu’est-ce que je peux dire ? J’sais pas quoi dire. ».
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Biographies des artistes

Céline Ahond

Que ce soit sur la place publique ou dans un espace dédié à l’art, prendre la parole, pour Céline Ahond, c’est tracer le chemin d’une pensée en construction. Le souvenir d'anecdotes, la réalité environnante, les micro-évènements qui se produisent sont décrits, cadrés, racontés et participent de l'écriture d'un récit du quotidien. Prenant comme point d'appui la réalité contextuelle, Céline Ahond joue sur les interstices entre les formes, les images et les mots et ouvre un territoire pour l’invention d’un langage : une trame précise et répétée dans laquelle la parole libre répond à la nécessité de l’adresse. Cette résistance, dans la confiance et la réciprocité partagées, est celle de la connivence où la singularité de chacun est en prise directe avec un et des points de vue qui nous déplacent. Céline Ahond redéfinit toujours les cadres d’échanges et accueille le dialogue par «cet être ensemble» qui fabrique des liens encore inconnus : ceux-là mêmes du faire œuvre. Afin de ne jamais cesser de se tenir à la hauteur de ce désir, celui d’être vivante et de rester dans cette exigence de la curiosité, l’artiste performeuse propose des traversées filmiques, performatives, éditoriales pour qu'ensemble, dans l’entre-deux de la rencontre et par nos présences en action, nous énoncions ce qui ne se décrit pas. "Est-ce que parler est une écriture ?".
http://www.celineahond.com/

Jean-Baptiste Brossard

Dominique Blais

Antoine Boute

Écrivain, poète sonore, essayiste, organisateur d’événements, il explore les impacts entre corps, langue et voix selon divers supports et moyens (papier, internet, scène) et aime collaborer avec d’autres auteurs et artistes. Son œuvre est un jeu constamment reformulé, absurde, inquiétant et amusant, auquel il convie qui souhaite y participer. Dernières parutions, Opérations biohardcores, illustrations de Chloé Schuiten, Les Petits matins, Paris, 2017.

Mathieu Brion

Pascal Broccolichi

Esmeralda da Costa

Pamina de Coulon

Stéphane Degoutin & Gwenola Wagon

Marcelline Delbecq

Est artiste et auteure. Après des études de photographie, d’art et de critique d’art aux États-Unis puis en France, sa pratique s’est peu à peu éloignée de l’image pour se concentrer sur la potentialité cinématographique, voire photographique, de l’écriture. Elle a récemment publié Camera, Manucius (2015) ; Oublier, voir, Fondation Cartier/Manuella éditions (2015) ; Dialogue, Shelter Press (2017) et contribue régulièrement à la revue de cinéma Trafic, P.O.L. Elle est actuellement doctorante SACRe à l’École Normale Supérieure sous la direction d’Antoine de Baecque où elle poursuit des recherches sur les mouvements de l’image fixe.

Clément Delhomme

Je suis né au Creusot en 1988. À ma majorité, je travaillais dans une fonderie, j’y touillais des soleils mous dans des trous bétonnés et je m’y affûtais l’organe de la vanne autour des machines. Je passais mes soirées dans un bar fréquenté par une bande d’étudiants aux beaux-arts, nous sommes devenus amis, j’avais mis les bouchées doubles pour les conquérir, faut dire qu’en tant que métallos, j’avais du complexe à dépasser. J’ai infiltré les beaux-arts l’année suivante. J’ai essayé tout un tas de trucs, mais ce que j’aimais, c’était écrire et faire de la musique, ça n’a pas changé. Maintenant j’habite à Bruxelles dans un bâtiment drôle avec des seigneurs de la récup, j’y écris un livre, tâchant d’œuvrer à une certaine transformation.

Miléna Desse

Jérôme Game

Gabriel Gauthier

Né en 1992. Il est diplômé des Beaux-Arts de Paris. Ses performances avec Elsa Michaud ont été présentées à la Ménagerie de Verre. Il a publié Simurgh & Simorgh au Théâtre Typographique. Ni poème ni roman, SPACE paraîtra en 2019.

Joël Hubaut

Mixant toutes ces sources hétéroclites, il oriente son activité vers un mixage hybride et monstrueux qu’il qualifie avec humour de « Pest-Moderne ». Il crée à partir de 1970 ses premiers signes « d’écriture épidémik » qui envahissent tous les supports, objets-corps humains-véhicules-sites, etc. développant un processus rhizomique pluridisciplinaire et intermédia sous forme d’installations et de manœuvres. Il crée et anime Nouveaux Mixages de 1978 à 1985. Il réalise des installations, des dessins, des peintures et objets divers, il est paradoxalement d’abord connu pour ses performances et ses textes poétiques. Plaçant l’épidémie et la contamination (acte prémonitoire) au centre d’une réflexion sur l’art et la société, son recours à la parodie et à la dérision peut alors prendre une dimension véritablement tragique. La destabilisation engendrée par la polyvalence de son activité dispersée, l’énergie décalée et la pratique de l’absurde qu’il étend à toute sorte de manifestations inattendued dans le système de l’art contemporain ou ailleurs témoignent de sa singularité. Il expose et performe en France et à l’étranger.

Loris Humeau

Loris Humeau est diplômé en 2018 de l’EESAB, site de Quimper. Il travaille actuellement à l’atelier In.plano sur l’Île-Saint-Denis. Son travail est lié au texte et à son déploiement. Il se construit par la description et son incarnation formelle, par la perception de l’espace d’exposition comme un espace de lecture et par des recherches autour de l’iconographie textuelle. Il engage son travail d’écriture dans une relation au son et à l’image, à la lumière, d’où pourrait se dégager une écriture hors champs. Ses textes parlent de fuites, desquelles découle une appréhension, une latence qui viendrait comme un voile se poser sur la forme dans laquelle la narration s’inscrit.
lorishumeau@gmail.com

Emma Kraak

Arnaud Labelle-Rojoux

Arnaud Labelle-Rojoux, s’est d'abord fait connaître dans le circuit de la performance dont il est devenu l'historien avec son livre L'Acte pour l'art (Editeurs Evidant, 1988 ; nouvelle édition, Al Dante, 2004). Il a depuis publié une dizaine d’essais En 2020 a été réédité par Les Presses du Réel : Récits de la vie de Michelangelo Merisi dit Le Caravage. Il expose régulièrement depuis 2003 à la Galerie Loevenbruck qui le représente à Paris (en 2017 : En affinité(s) : Apple Shrine / Allan Kaprow / Arnaud Labelle-Rojoux). Il a par ailleurs, entre autre, participé aux expositions Notre Histoire, Palais de Tokyo, 2006 ; La Force de l'art 02, Grand Palais, Paris, 2009 ; Une forme pour toute action, Le Printemps de septembre, Toulouse, 2010 ; Les Maîtres du désordre, Musée du quai Branly, 2012 ; Le Surréalisme et l’objet, Centre Georges Pompidou, 2013.

Estelle Labes

Cécile Le Talec

Cécile Le Talec est née en 1962 à Paris. Elle vit et travaille en région Centre et à Paris. « Tout est musique. Par le regard, on peut trouver le son et la mélodie partout ». Portée par l’envie de spatialiser le son et les bruits pour créer des environnements sonores, elle aborde d’abord la manière dont ils perturbent l’organisation d’un espace ou d’un paysage. Depuis le début des années 2000, elle mène une recherche sur les langues sifflées utilisées par quelques communautés dans le monde, ce qui l’a conduit à effectuer une série d’expéditions dans plusieurs pays, tels que le Mexique (2004), la Chine (2006, 2007) et la Russie (2009) et dernièrement l’Inde, le Japon et le Maroc (2020). « Je pense mon travail comme une exploration, une expédition mélodique. À l’échelle du monde. » Elle collabore fréquemment avec des scientifiques, des phonéticiens, des linguistes, des musiciens. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions en France et à l’étranger. En 2011, elle a obtenu le Grand Prix de la tapisserie contemporaine d’Aubusson (Cité internationale de la tapisserie) avec l’œuvre Panoramique polyphonique.
‘‘Beyong the whisling birds... Conversation Cécile Le Talec et Rozenn Canevet’’, in Sonorama #2, 2013

Léopold Pasquier

Laurent Prexl

Lidwine Prolonge

Félix Ramon

Théo Robine-Langlois

Né en 1990. A vécu à Juvisy, Cergy, Taipei, Grenoble, Paris, Clamart. Écrit sur demainjarretepas.net, et dans des revues : Beta, Remugles, How to become a body double et pour des artistes. A produit des expositions dans un appartement à Cergy avec Jessica Guez : 3some et continue dans son atelier à la Courneuve avec Blaise Parmentier : A-frame. Est correspondant pour radio DUUU*, est membre d’after8books. [...] est son premier livre publié chez les Éditions Nous.

Chloé Schuiten & Clément Thiry

Jeanne Tara

Florian de Vaulchier

Théoricien de l’architecture, architecte, historien de l’art, artiste iconoclaste, Florian de Vaulchier a créé la librairie A Balzac A Rodin à la fin des années 1980 où il expérimente avec le groupe ABAR puis ABAR QCQ au travers de vidéos et de textes les potentiels de l’espace, du corps, du langage et du temps. Il a enseigné l’histoire de l’art à l’École d’architecture Quai Malaquais à Paris.