Lèche ta robe #3

18.1.2020
DOC !, Paris
Lèche ta robe est un cycle d’évènements se déroulant dans divers lieux, artist run space, radio, centre d’art et galeries (CAC La Traverse, DUUU*, DOC, Paris Art Lab…) du 23 novembre 2019 au 22 février 2020.
L’auteur ou l’artiste s’installe à sa table, croise les jambes, s’éclaircit la voix, il ∙ elle sort son texte d’un porte document et le pose délicatement sur la surface brillante de formica. La voix entame une première phrase, tremblante. La main caresse le papier, la jambe gauche glisse sur le tissu du pantalon de la jambe droite jusqu’au sol. On l’écoute parler mais à la commissure de nos lèvres un léger sourire se forme, les yeux se plissent. Elle ∙ il se penche légèrement en avant, ses cheveux glissent sur son visage. Le regard se fixe sur ses lèvres qui bougent doucement. L’auteur évoque la pâleur d’une cheville, le frôlement d’un buste contre un bras dans une foule, une main qui empoigne délicatement une nuque, les cils vibrant d’un regard baissé, une bouche entrouverte.
Comment bougent mains, jambes, yeux, lèvres, chevilles, buste, bras, cils, paupières, bouche au travers de l’écriture ? Que perçoit-on du mouvement d’un corps ou d’une chose en écoutant une voix égrener dans le silence chaque mot comme autant de gestes invisibles ? À l’inverse du cinéma ou le corps peut être filmé en mouvement dans son ensemble, l’écriture fragmente le corps et chaque partie est minutieusement décrite. Des corps qui bougent ou des métaphores exprimant leurs relations, leurs mouvements, des objets qui les transposent, qui les reflètent : mille chemins s’offrent au poète, à l’écrivain, à l’artiste pour traduire ces mouvements.
Cette sensualité des corps au travers de l’écriture peut sourdre aussi bien dans ce mouvement joyeux des jeunes filles au bord de la plage de Balbec dans À l’ombre des jeunes filles en fleur, ou dans le regard que pose Proust sur Albertine endormie dans La Prisonnière, ou encore dans la métaphore de la fleur et de l’abeille dans Sodome et Gomorrhe et plus crûment dans Les exploits d’un jeune Dom Juan de Guillaume Apollinaire ou La vie sexuelle de Catherine M de Catherine Millet, Belle du seigneur d’Albert Cohen, Les liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos et bien d’autres livres.
Artistes, auteurs, réalisateurs ∙ réalisatrices, compositeurs sont invité ∙ e ∙ s à s’emparer de la sensualité de l’écriture pour transmettre la vision d’un corps en mouvement.
Comment décrire un corps dans le contexte d’une lecture-action ?
Par quels moyens peut-on transmettre l’érotisme et la sensualité d’une présence au travers du langage ? Enfin comment montrer la diversité des approches littéraires abordant l’érotisme et la sensualité ?
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DE SKFV À ABARFEMMES VERS ABARQUELCONQUE

Sarah Klingemann

Content n'a queue l’amour

Céline Ahond

je ne sais pas quoi faire

Sabine Macher

Lécher

Anne Kawala

Interstice

Juline Darde Gervais & Aziyadé Baudouin-Talec
Biographies des artistes

Sarah Klingemann

Cinéaste, née en 1973, vit à Paris. Architecte DPLG école Paris Villemin 1999, pensionnaire- architecte à la Villa Médicis 2003-2004. Entre réel et fiction elle pratique l’architecture, la questionne en confrontant textes et images, fixes et/ou en mouvement dans un projet unique et continu Les hommes-maison. Ses films – Après l’œuvre, La mer du sable, Le grand tour... – ont été projetés en festival : Côté court à Pantin, Rencontres Cinématographiques de Cerbère-Portbou, Sicilia Queer filmfest à Palerme, Vidéoformes à Clermont-Ferrand. Depuis 2017 entre le Domaine National de Chambord et la clinique de Saumery (psychothérapie institutionnelle), elle travaille sur deux films Bas chœur et Grande fugue tournés dans deux châteaux diversement habités du Val de Loire.

Céline Ahond

Que ce soit sur la place publique ou dans un espace dédié à l’art, prendre la parole, pour Céline Ahond, c’est tracer le chemin d’une pensée en construction. Le souvenir d'anecdotes, la réalité environnante, les micro-évènements qui se produisent sont décrits, cadrés, racontés et participent de l'écriture d'un récit du quotidien. Prenant comme point d'appui la réalité contextuelle, Céline Ahond joue sur les interstices entre les formes, les images et les mots et ouvre un territoire pour l’invention d’un langage : une trame précise et répétée dans laquelle la parole libre répond à la nécessité de l’adresse. Cette résistance, dans la confiance et la réciprocité partagées, est celle de la connivence où la singularité de chacun est en prise directe avec un et des points de vue qui nous déplacent. Céline Ahond redéfinit toujours les cadres d’échanges et accueille le dialogue par «cet être ensemble» qui fabrique des liens encore inconnus : ceux-là mêmes du faire œuvre. Afin de ne jamais cesser de se tenir à la hauteur de ce désir, celui d’être vivante et de rester dans cette exigence de la curiosité, l’artiste performeuse propose des traversées filmiques, performatives, éditoriales pour qu'ensemble, dans l’entre-deux de la rencontre et par nos présences en action, nous énoncions ce qui ne se décrit pas. "Est-ce que parler est une écriture ?".
http://www.celineahond.com/

Sabine Macher

S’adresse aux autres en parlant d’elle. Née en Allemagne de l’ouest, en parallèle d’un travail de danse, elle écrit, traduit et photographie. Livres, lectures et performances depuis 1992. De Ceija Stojka elle a traduit : Je rêve que je vis ? et Nous vivons cachés, parus aux Éd. Isabelle Sauvage, en 2016 et 2018. À paraître : guerre et paix sans je, Éd. Les Petits matins, 2019.

Anne Kawala

Juline Darde Gervais & Aziyadé Baudouin-Talec

Aziyadé Baudouin-Talec est née en 1989 à Paris. Après des études littéraires et théâtrales à La Sorbonne Nouvelle – Censier, Paris 3 et une formation de comédienne, Aziyadé Baudouin-Talec écrit (théâtre, littérature, poésie) et met en scène en créant la Compagnie Apparatus. Elle s’éloigne progressivement du théâtre pour se consacrer à l’écriture et penser des rapprochements entre littérature, art contemporain et danse contemporaine au travers de lectures-actions. Elle crée Les écritures bougées, structure de production et de diffusion de la littérature contemporaine dans le cadre de laquelle elle invite auteurs, artistes, chorégraphes, réalisateurs et musiciens à produire des lectures-actions.