Lèche ta robe est un cycle d’évènements se déroulant dans divers lieux, artist run space, radio, centre d’art et galeries (CAC La Traverse, DUUU*, DOC, Paris Art Lab…) du 23 novembre 2019 au 22 février 2020.
L’auteur ou l’artiste s’installe à sa table, croise les jambes, s’éclaircit la voix, il ∙ elle sort son texte d’un porte document et le pose délicatement sur la surface brillante de formica. La voix entame une première phrase, tremblante. La main caresse le papier, la jambe gauche glisse sur le tissu du pantalon de la jambe droite jusqu’au sol. On l’écoute parler mais à la commissure de nos lèvres un léger sourire se forme, les yeux se plissent. Elle ∙ il se penche légèrement en avant, ses cheveux glissent sur son visage. Le regard se fixe sur ses lèvres qui bougent doucement. L’auteur évoque la pâleur d’une cheville, le frôlement d’un buste contre un bras dans une foule, une main qui empoigne délicatement une nuque, les cils vibrant d’un regard baissé, une bouche entrouverte.
Comment bougent mains, jambes, yeux, lèvres, chevilles, buste, bras, cils, paupières, bouche au travers de l’écriture ? Que perçoit-on du mouvement d’un corps ou d’une chose en écoutant une voix égrener dans le silence chaque mot comme autant de gestes invisibles ? À l’inverse du cinéma ou le corps peut être filmé en mouvement dans son ensemble, l’écriture fragmente le corps et chaque partie est minutieusement décrite. Des corps qui bougent ou des métaphores exprimant leurs relations, leurs mouvements, des objets qui les transposent, qui les reflètent : mille chemins s’offrent au poète, à l’écrivain, à l’artiste pour traduire ces mouvements.
Cette sensualité des corps au travers de l’écriture peut sourdre aussi bien dans ce mouvement joyeux des jeunes filles au bord de la plage de Balbec dans À l’ombre des jeunes filles en fleur, ou dans le regard que pose Proust sur Albertine endormie dans La Prisonnière, ou encore dans la métaphore de la fleur et de l’abeille dans Sodome et Gomorrhe et plus crûment dans Les exploits d’un jeune Dom Juan de Guillaume Apollinaire ou La vie sexuelle de Catherine M de Catherine Millet, Belle du seigneur d’Albert Cohen, Les liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos et bien d’autres livres.
Artistes, auteurs, réalisateurs ∙ réalisatrices, compositeurs sont invité ∙ e ∙ s à s’emparer de la sensualité de l’écriture pour transmettre la vision d’un corps en mouvement.
Comment décrire un corps dans le contexte d’une lecture-action ?
Par quels moyens peut-on transmettre l’érotisme et la sensualité d’une présence au travers du langage ? Enfin comment montrer la diversité des approches littéraires abordant l’érotisme et la sensualité ?