Lèche ta robe #4

22.2.2020
Paris Art Lab
Lèche ta robe est un cycle d’évènements se déroulant dans divers lieux, artist run space, radio, centre d’art et galeries (CAC La Traverse, DUUU*, DOC, Paris Art Lab…) du 23 novembre 2019 au 22 février 2020.
L’auteur ou l’artiste s’installe à sa table, croise les jambes, s’éclaircit la voix, il ∙ elle sort son texte d’un porte document et le pose délicatement sur la surface brillante de formica. La voix entame une première phrase, tremblante. La main caresse le papier, la jambe gauche glisse sur le tissu du pantalon de la jambe droite jusqu’au sol. On l’écoute parler mais à la commissure de nos lèvres un léger sourire se forme, les yeux se plissent. Elle ∙ il se penche légèrement en avant, ses cheveux glissent sur son visage. Le regard se fixe sur ses lèvres qui bougent doucement. L’auteur évoque la pâleur d’une cheville, le frôlement d’un buste contre un bras dans une foule, une main qui empoigne délicatement une nuque, les cils vibrant d’un regard baissé, une bouche entrouverte.
Comment bougent mains, jambes, yeux, lèvres, chevilles, buste, bras, cils, paupières, bouche au travers de l’écriture ? Que perçoit-on du mouvement d’un corps ou d’une chose en écoutant une voix égrener dans le silence chaque mot comme autant de gestes invisibles ? À l’inverse du cinéma ou le corps peut être filmé en mouvement dans son ensemble, l’écriture fragmente le corps et chaque partie est minutieusement décrite. Des corps qui bougent ou des métaphores exprimant leurs relations, leurs mouvements, des objets qui les transposent, qui les reflètent : mille chemins s’offrent au poète, à l’écrivain, à l’artiste pour traduire ces mouvements.
Cette sensualité des corps au travers de l’écriture peut sourdre aussi bien dans ce mouvement joyeux des jeunes filles au bord de la plage de Balbec dans À l’ombre des jeunes filles en fleur, ou dans le regard que pose Proust sur Albertine endormie dans La Prisonnière, ou encore dans la métaphore de la fleur et de l’abeille dans Sodome et Gomorrhe et plus crûment dans Les exploits d’un jeune Dom Juan de Guillaume Apollinaire ou La vie sexuelle de Catherine M de Catherine Millet, Belle du seigneur d’Albert Cohen, Les liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos et bien d’autres livres.
Artistes, auteurs, réalisateurs ∙ réalisatrices, compositeurs sont invité ∙ e ∙ s à s’emparer de la sensualité de l’écriture pour transmettre la vision d’un corps en mouvement.
Comment décrire un corps dans le contexte d’une lecture-action ?
Par quels moyens peut-on transmettre l’érotisme et la sensualité d’une présence au travers du langage ? Enfin comment montrer la diversité des approches littéraires abordant l’érotisme et la sensualité ?
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Douche nuit

Mathis Berchery

Tous les terrains devraient être vagues

Clément Delhomme

merci pour tout

Cécile Bicler

SALE DES FÊTES

Élodie Petit
Biographies des artistes

Mathis Berchery

Clément Delhomme

Je suis né au Creusot en 1988. À ma majorité, je travaillais dans une fonderie, j’y touillais des soleils mous dans des trous bétonnés et je m’y affûtais l’organe de la vanne autour des machines. Je passais mes soirées dans un bar fréquenté par une bande d’étudiants aux beaux-arts, nous sommes devenus amis, j’avais mis les bouchées doubles pour les conquérir, faut dire qu’en tant que métallos, j’avais du complexe à dépasser. J’ai infiltré les beaux-arts l’année suivante. J’ai essayé tout un tas de trucs, mais ce que j’aimais, c’était écrire et faire de la musique, ça n’a pas changé. Maintenant j’habite à Bruxelles dans un bâtiment drôle avec des seigneurs de la récup, j’y écris un livre, tâchant d’œuvrer à une certaine transformation.

Cécile Bicler

Cécile Bicler née en France, vie, aime et travaille à Paris
Études aux Beaux-Arts de Rennes, Nantes, Strasbourg, Lyon où elle fait des rencontres, affectives et décisives. Diplômes, post-diplômes. Elle fait de la vidéo, du montage, du cinéma, du dessin, des performances.
« J’adore voler. Je vole. Tu voles. Elle vole. Nous volons. Vous volez. Elles volent.
Il parait que la réappropriation est complexe : je le crois volontiers.
Un sens va toujours dans deux sens »
cecilebicler.fr

Élodie Petit